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| Sujet: L'Amour assis sur le bord de la mer rassemblant les colombes du char de Vénus Ven 14 Déc - 11:22 | |
| Au XVIIe siècle, la sculpture tomba dans l'exagération du pittoresque : le Bernin, l'Algarde, Puget firent palpiter le marbre et multiplièrent les accidents de la lumière et de l'ombre. Comme Bouchardon, Vassé représente l’Amour adolescent, mais se montre plus soucieux d’idéalisation. Sur un thème rare et littéraire, il sculpte une œuvre épurée où prévalent l’élégance de la ligne et la souplesse du travail du marbre. Le visage beau et grave du dieu lui confère une grâce sérieuse. Un thème rareDans cette œuvre empreinte de simplicité et de naturel, l’Amour est un bel adolescent qui, assis sur un rocher, rassemble les colombes destinées à tirer le char de Vénus, sa mère. Les trois coquillages et un léger frémissement du marbre sur la terrasse évoquent discrètement la présence de la mer. Les grandes ailes, le carquois déposé à terre, les crépides (sandales antiques) sont les attributs du jeune dieu. Une légende raconte qu’un culte était rendu à Aphrodite dans le temple du mont Eryx en Sicile (aujourd’hui appelé Erice) : les colombes, qui abondaient dans le sanctuaire, désertaient l’endroit neuf jours par an pour accompagner la déesse lors de son voyage rituel sur les côtes de Libye. Il est probable que Vassé ne connaissait pas les textes des auteurs antiques Pausanias et Elien le sophiste qui rapportent cette tradition. Mais le sujet a pu lui être suggéré par son très puissant protecteur le comte de Caylus, un des plus grands antiquaires et érudits du XVIIIe siècle. Possession de célèbres collectionneursAprès la présentation du modèle en plâtre au Salon de 1755, l’exécution en marbre fut commandée par Ange-Laurent Lalive de Jully. Ce célèbre collectionneur, animé par « l’amour de sa Patrie », composa un cabinet d’école française : il voulait ainsi prouver que la peinture et la sculpture françaises pouvaient soutenir la comparaison avec celles des écoles flamande et italienne. Par la suite, l’œuvre appartint à la comtesse du Barry, favorite de Louis XV, dont la collection, saisie à la Révolution, contenait nombre de pièces remarquables. Joséphine de Beauharnais, la première femme de Napoléon, en devint propriétaire pour la Malmaison. L’œuvre appartint donc à trois collections prestigieuses. Elle fut donnée au Louvre en 1986 par M. Pierre Fabius. Une ligne épuréeVassé s’est explicitement référé au chef-d’œuvre de son maître Edme Bouchardon, L’Amour se faisant un arc dans la massue d’Hercule (musée du Louvre), achevé en 1750 : même choix dans l’âge et la stature du modèle, même type de visage, même agencement de la coiffure, et surtout une ligne très épurée de la figure, de la souplesse dans le traitement du marbre, un certain naturalisme (les plis du ventre par exemple). Toutefois Vassé se montre plus soucieux d’idéalisation. Son Amour est occupé à une tâche noble. Et, tandis que Bouchardon donne au dieu un sourire moqueur évoquant sa malignité, Vassé sculpte un beau visage à la gravité attentive. La souplesse d’exécution, l’élégance et la pureté de la ligne qui rendent ce marbre si séduisant, sont caractéristiques d’un moment de l’histoire de la sculpture française qui sépare la fin de l’art rocaille de la naissance du néoclassicisme. source : http://www.louvre.fr/oeuvre-notices/lamour-assis-sur-le-bord-de-la-mer-rassemblant-les-colombes-du-char-de-venus?sous_dept=1 | |
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