On le sait, le théâtre et la religion ont longtemps été des frères ennemis, l’Eglise accusant le premier d’être sacrilège, immoral, mensonger. Pendant la Guerre d’Indépendance, l’ouverture des théâtres ou, au contraire, leur interdiction, est encore un enjeu pour certains secteurs de l’Eglise qui réussissent à obtenir la fermeture de quelques salles. Ce sont, finalement, leurs opposants qui triomphent et, à l’aube de la seconde moitié du XIXème siècle, on ne remet plus en cause l’art de Thalie en soi. Cependant, le besoin d’imposer certaines règles semble évident pour tous et la censure est, en dernière instance, celle qui autorise que soit jouée une pièce. Les relations se sont normalisées, au point que certains théâtres choisissent de mettre en scène, au moment de Noël, des œuvres de thème biblique qui célèbrent «grandeur nature» la naissance ou la Passion du Christ. Sans que cela ait acquis force de loi certains théâtres s’en désintéressent apparemment une telle programmation est très courante au cours des années 18502. Alors que l’habitude est prise, un incident survient à Barcelone ; la hiérarchie ecclésiastique s’oppose au monde théâtral, attirant l’attention du gouvernement central sur la nécessité de dresser barrières et interdits dans ce domaine susceptible de froisser les sensibilités parce qu’il parle du sacré. En avril 1856 est donc promulgué un décret censé en régir, dorénavant, la spécificité.
